Une Dévotion Éternellement Puissante et Nécessaire


Ce dimanche, l’anniversaire de la mort de Saint Ignace de Loyola (1491-1556) marque la conclusion de cette Année Ignatienne commémorant le 500e anniversaire de la réorientation de sa vie par saint Ignace Loyola. Cette expérience de conversion cruciale a été associée à la période de convalescence d’Ignace dans le château de sa famille, dans ce qui est maintenant une chapelle où j’ai eu deux fois le privilège de célébrer la Messe (photo) et vénérer la relique de la tête du saint. (La célébration de cette spéciale Année Ignatienne a commencé à Pampelune, en Espagne, il y a plus d’un an, le 20 mai 2021, le véritable anniversaire de la blessure d’Ignace lors de la bataille de Pampelune.)

Comme cela a été annoncé il y a plusieurs semaines en la Solennité du Sacré-Cœur, dans le cadre de la conclusion solennelle de dimanche de cette Année Ignatienne, Fr.. Arturo Sosa, l’actuel Général des Jésuites, consacrera de nouveau l’ordre des Jésuites au Très Sacré-Cœur de Jésus, une dévotion catholique profondément enracinée qui a longtemps été particulièrement associée aux Jésuites.

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus trouve son origine dans la contemplation par l’Église du Cœur blessé du Christ crucifié, d’où coulaient le sang et l’eau (Jean 19:34), considérés comme  la source des sacrements de l’Église (Préface du Sacré-Cœur). Dans son encyclique influente sur la dévotion au Sacré-Cœur (Haurietas Aquas, 1956), le Pape Pie XII considérait le Sacré-Cœur comme « le signe et le symbole principal » de l’amour du Christ divin Rédempteur pour son Père et pour tous les êtres humains.

Les Jésuites ont activement promu la dévotion au Sacré-Cœur avant et après leur tragique suppression. En 1853, le prédécesseur de Sosa en tant que Père général, Peter Jan Beckx, consacra la Société au Sacré-Cœur. Trente ans plus tard, la 23e Congrégation générale des Jésuites décrète: « Nous déclarons que la Compagnie de Jésus accepte et reçoit avec un esprit débordant de joie et de gratitude, le doux fardeau (munus suavissimum) que notre Seigneur Jésus-Christ lui a confié, pour pratiquer, promouvoir et propager la dévotion à Son très divin Cœur” (Décret 46).

Ole 9 juin 1972, le Serviteur Général de Dieu des Jésuites Pedro Arrupe a renouvelé la consécration de la Fraternité au Sacré-Cœur, qui, selon lui, fait connaître plus intimement aux Jésuites la personne du Christ et les rend plus authentiquement compagnons ignatiens de Jésus. Depuis plus d’un siècle, les Jésuites promeuvent la dévotion au Sacré-Cœur d’une manière particulière à travers le Apostolat de la Prière (depuis renommé le Réseau Mondial de Prière du Pape), conformément à les 26th Congrégation générale, Décret 21, en 1915.

Peu de temps après son élection, le Pape François, le premier Pape jésuite, a appelé le Sacré-Cœur « la plus grande expression humaine de l’amour divin » et « le symbole ultime de la miséricorde de Dieu », un symbole « qui représente le centre, la source d’où jaillit le salut pour toute l’humanité » (Angelus Discours, 9 juin 2013).

Ainsi, le grand érudit liturgique du XXe siècle Louis Bouyer a observé: « La focalisation de la contemplation chrétienne sur le Sacré-Cœur était certainement motivée par un sens authentique de cette unité profonde de tout le christianisme dans l’unité du Mystère lui-même comme étant, enfin, la révélation de l’amour divin qui nous est fait dans l’Humanité blessée et glorifiée de notre Seigneur » (Liturgique  Piété, 1955, p. 331).

Historiquement, les jésuites étaient les grands opposants au jansénisme, et la dévotion au Sacré-Cœur était (et est) un profond contrepoids à cette hérésie pernicieuse des débuts de la modernité. Comme l’a noté le pape Pie XI en 1925, « la fête du Sacré-Cœur de Jésus a été instituée à une époque où les hommes étaient opprimés par la triste et sombre sévérité du jansénisme, qui avait refroidi leur cœur et les avait exclus de l’amour de Dieu et de l’espérance du salut » (Quas Primas, 23).

En fait, dans ce monde où il y a tant de souffrance, de tristesse, d’injustice et d’aliénation, il peut y avoir de nombreuses raisons émotionnellement explicables pour lesquelles les gens peuvent manquer de confiance dans l’amour de Dieu pour eux. Le jansénisme offrait insidieusement une rationalisation intellectuelle de tels sentiments. Comme l’a écrit le blogueur Joseph Heschmeyer: « Ce n’est pas seulement que le jansénisme s’est trompé dans les détails de la prédestination, de la contrition ou de la réception sacramentelle. C’est que le jansénisme a trompé Dieu, d’une manière fondamentale que beaucoup d’entre nous le trompent encore aujourd’hui » (Paperie Éhontée, 12 juin 2021). 

Que la Personne Divine de Jésus ait un cœur humain, l’attribut humain que nous associons symboliquement à l’amour, à la compassion et à la miséricorde, est la réponse permanente de Dieu à toutes ces distorsions. Ainsi compris, ce mystère de la Personne Divine du Cœur humain de Jésus est la façon dont la foi chrétienne répond à l’inévitable en apparence souffrance, tristesse, injustice et aliénation de la vie humaine. D’où le pouvoir éternel de cette doctrine et de cette dévotion pratique.