Maintenant que les vingt-cinq premières années du nouveau siècle touchent à leur fin, nous sommes appelés à entrer dans une saison de préparation qui puisse permettre au peuple chrétien de vivre l’Année Sainte dans toute sa richesse pastorale.
L’histoire des Années Saintes est passée de la première Année Jubilaire apparemment spontanée de 1300 à la préparation intense et publique du « Grand Jubilé » pour marquer le tournant du millénaire en 2000. Au cours des derniers siècles, ces « Jubilés » ou « Années saintes » ont généralement été célébrés à des intervalles de 25 ans. La politique révolutionnaire a empêché les Jubilés de 1800 et 1850, et l’occupation italienne de Rome a abouti à un Jubilé de 1875 très atténué au cours duquel les Portes saintes sont restées fermées. Les Années Saintes du XXe siècle se sont progressivement développées, culminant avec le « Grand Jubilé » de l’an 2000, au cours duquel j’ai été l’un des millions de privilégiés à voyager à Rome, en passant par chacune des Portes Saintes en tant que pèlerin de l’Année Sainte.
Inexorablement, le calendrier continue d’avancer, et il sera bientôt temps pour une autre célébration de ce type. Le 3 janvier, le pape François a approuvé la devise officielle, Pèlerins de l’Espérance, pour l’Année Sainte 2025. Puis, vendredi dernier, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, le Pape François a détaillé davantage le Jubilé à venir dans une Lettre officielle au Président du Conseil Pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation, citée ci-dessus en haut de ce billet.
Contrairement au « Grand Jubilé » de l’an 2000, qui s’est déroulé dans une période d’optimisme relatif, l’Année Sainte à venir sera célébrée dans des circonstances très différentes, tant pour l’Eglise que pour le monde. Le Pape le reconnaît évidemment et l’a reconnu dans sa Lettre:
Au cours des deux dernières années, aucun pays n’a été épargné par le déclenchement soudain d’une épidémie qui nous a fait vivre de première main non seulement la tragédie de mourir seul, mais aussi l’incertitude et la fugacité de l’existence, et ce faisant, a changé notre mode de vie même. Avec tous nos frères et sœurs, nous, chrétiens, avons enduré ces difficultés et ces limites. Nos églises sont restées fermées, tout comme nos écoles, nos usines, nos bureaux, nos magasins et nos lieux de loisirs. Nous avons tous vu certaines libertés réduites, tandis que la pandémie a généré des sentiments non seulement de chagrin, mais aussi, parfois, de doute, de peur et de désorientation. La communauté scientifique a rapidement développé un premier remède qui nous permet progressivement de reprendre notre quotidien. Nous sommes pleinement convaincus que l’épidémie sera surmontée et que le monde retrouvera son modèle habituel de relations personnelles et de vie sociale. Cela se produira plus facilement dans la mesure où nous pourrons faire preuve d’une solidarité efficace, afin que nos voisins les plus démunis ne soient pas négligés et que chacun puisse avoir accès aux percées scientifiques et aux médicaments nécessaires.
C’est précisément pour contribuer grandement à rétablir un climat d’espoir et de confiance comme prélude au renouveau et à la renaissance que nous désirons si urgemmente, le pape François écrit qu’il a choisi Pèlerins de l’Espérance comme devise du Jubilé.
Des instructions détaillées sur la préparation de l’Année Sainte seront probablement à venir. Pendant ce temps, le Pape François invite l’Eglise à consacrez 2024, l’année précédant l’événement jubilaire, à une grande “symphonie” de prière. La prière, avant tout, pour renouveler notre désir d’être en présence du Seigneur, de l’écouter et de l’adorer. Prière, d’ailleurs, de remercier Dieu pour les nombreux dons de son amour pour nous et de louer son travail dans la création, qui appelle chacun à le respecter et à prendre des mesures concrètes et responsables pour le protéger. La prière comme expression d’un seul « cœur et d’une seule âme » (cf. Acte 4, 32), ce qui se traduit alors par la solidarité et le partage de notre pain quotidien. Prière qui permet à chaque homme et à chaque femme de ce monde de se tourner vers le Dieu unique et de lui révéler ce qui se cache au plus profond de leur cœur. La prière comme voie royale vers la sainteté, qui nous permet d’être contemplatifs même au milieu de l’activité. En un mot, que ce soit une année de prière intense au cours de laquelle les cœurs s’ouvrent pour recevoir l’effusion de la grâce de Dieu et pour faire du « Notre Père », la prière que Jésus nous a enseignée, le programme de vie de chacun de ses disciples.
A grande « symphonie” de prière cela semble être un bon moyen de combler le temps entre la frénésie d’activité du processus synodal et le Jubilé. Il exprime également, je pense, encore mieux que le processus synodal ce qui peut être le plus nécessaire à mesure que nous nous remettons de la période de pandémie et que nous sortons de celle-ci pour faire face à l’avenir incertain et difficile qui nous attend probablement.
(Photo: L’Année Jubilaire Porte Sainte, Basilique Saint-Pierre.)