Rédemption vs. « Guerre culturelle »



En 1926, le jésuite français Robert Hamel, écrivant à son collègue Henri de Lubac au sujet de l’extrême droite, royaliste Action française, dit que son fondateur, Charles Maurras, « n’a pas compris le catholicisme et n’y a vu qu’un ordre social sans Dieu, sans âme, sans amour. »En substituant le terme plus large de « christianisme » au catholicisme, on pourrait dire quelque chose d’analogue de certains des soi-disant « intégristes » et « conservateurs nationaux » d’aujourd’hui, qui semblent d’une manière ou d’une autre plus offensés par les immigrants et les droits civiques des homosexuels que par l’agression russe et les crimes de guerre en Ukraine et qui invoquent les insultes de la conspiration QAnon (pour, par exemple, accuser les démocrates d’être des « toiletteurs ») tout en louant la théorie du complot. comme Viktor Orban. Ces soi-disant « intégralistes », « NatCons » et autres qui peuvent s’imaginer sauver une sorte de christianisme traditionnel à travers leur politique alternative de colère et de ressentiment-comme les ira, et odio et omni mala voluntate, nous avions l’habitude de prier pour être délivrés de dans la Litanie des Saints-ferait bien de rappeler les paroles du pape Pie XI dans sa célèbre encyclique anti-nazie: « Seuls des esprits superficiels pourraient trébucher dans les concepts d’un Dieu national, d’une religion nationale; ou tenter de verrouiller dans les frontières d’un seul peuple, dans les limites étroites d’une seule race, Dieu, le Créateur de l’univers, Roi et Législateur de toutes les nations devant l’immensité desquelles ils sont « comme une goutte d’un seau » (Ésaïe xI, 15) » [Avec Brenneder Sorge (1937), 11]. 

À l’approche annuelle d’une autre Semaine sainte, nous rappelons l’anxiété de l’establishment de Jérusalem au 1er siècle que les Romains viendront et prendront notre terre et notre nation [Jean 11:48]. L’Évangile de Jean spiritualise la réponse de Caïphe, la reliant au salut universel accompli par la mort du Christ. Même ainsi, le contexte plus limité et original reste pertinent, car le Christ défie en effet les aspirations des cultures, des nations, des races et des relations séculières à revendiquer une sorte de signification spirituelle et à s’approprier le langage et les symboles religieux au service du pouvoir séculier.

C’est, bien sûr, ce qui est si scandaleusement exposé dans nos « guerres culturelles » contemporaines dans lesquelles les manifestations nihilistes de l’idéologie économique exploitatrice néolibérale et la résurgence du racisme et de la xénophobie anti-immigrés se font passer pour des défenses « conservatrices » de la croyance chrétienne et de la « liberté religieuse », dans une distorsion destructrice de la foi religieuse axée sur la poursuite du pouvoir. La pseudo-religion et la pseudo – « liberté religieuse » ainsi promues, comme les distorsions historiques antérieures, peuvent acquérir du pouvoir et chercher à imposer un certain ordre social. Mais, quelle que soit l’étiquette religieuse qu’il emploie, un tel ordre social en sera inévitablement un « sans Dieu, sans âme, sans amour. »