Trois fois dans ma vie, j’ai eu la chance de visiter le sanctuaire français de Lourdes, où j’ai même pu une fois célébrer la Messe dans la célèbre Grotte, le lieu désormais vénérable mais à l’origine inconnu où la Bienheureuse Vierge Marie est apparue à Sainte Bernadette Soubirous, une fille malade d’une famille pauvre, un total de 18 fois, du 11 février au 16 juillet 1858. Comme je soupçonne que presque tous ceux qui y sont déjà allés le confirmeront volontiers, c’est certainement une expérience incroyablement inspirante de rejoindre les millions de personnes d’horizons variés qui se rendent chaque année à ce saint sanctuaire en tant que pèlerins. Lourdes, comme Rome, offre cette expérience très particulière de l’universalité de l’Église, en se joignant à la prière des pèlerins du monde entier dans de grands rassemblements tels que la procession quotidienne de l’après-midi avec le Saint Sacrement et la procession aux chandelles et le chapelet de groupe du soir.
À l’occasion de la consécration de l’immense basilique souterraine de Lourdes en mars 1958, le futur Pape Saint Jean XXIII a appelé la procession eucharistique quotidienne à Lourdes « la reconstitution du passage du Jésus vivant au milieu de la foule, pour leur enseigner et leur accorder des miracles et des grâces de toutes sortes. »
Dans cet esprit, il est particulièrement inspirant de voir autant de malades se rendre à Lourdes pour y prier pour la guérison physique et spirituelle, et aussi d’observer la manière compatissante et aimante dont les malades sont accueillis et autorisés à participer à toutes les activités diverses. Depuis 1992, la fête de Notre-Dame de Lourdes est également désignée Journée Mondiale des Malades. En la désignant ainsi, le pape Jean-Paul II (qui connaissait certainement quelque chose de l’expérience de la maladie dans la vie humaine) l’a appelée “un temps spécial de prière et de partage, d’offrir sa souffrance pour le bien de l’Eglise, et de nous rappeler de voir dans notre frère et notre sœur malades le visage du Christ qui, en souffrant, en mourant et en ressuscitant, a réalisé le salut de l’humanité.”
Trente ans plus tard, nous sommes plongés dans une pandémie mondiale qui a tué des millions de personnes, mis à l’épreuve notre capacité à nous rassembler pour résoudre des problèmes sociaux et brisé ce qui restait de notre confiance et de notre solidarité sociales. Sur le plan humain, il faudra du temps pour évaluer pleinement, et encore moins pour se remettre des dommages profonds causés par cette expérience pandémique. Le témoignage de la confiance communautaire et de la solidarité sociale entre les malades de Lourdes et la compassion bienveillante qui caractérise leur accueil en tant que pèlerins sont d’autant plus à chérir. Le monde devrait être d’autant plus reconnaissant pour la beauté de ce sanctuaire et la puissance de son message.
Alors que le sanctuaire rouvre entièrement après les limites imposées par la pandémie, nous pourrions bien répéter la prière avec laquelle le Pape Saint Jean XXIII s’adressa à la Vierge à Lourdes en 1958: « Renouvelez les miracles que vous avez accomplis il y a un siècle, et laissez les merveilles nouvelles suivre les anciennes. »